Le silence intérieur d’une victime consentante à la Fondation Henri Cartier Bresson / by herwannperrin

   
 
 
C’est la première exposition consacrée aux collections de la Fondation qui commence ici, HCB sera petit à petit mis à nu pour notre plus grand intérêt. Ces photos s’étalent de 1931 à 1999 et cherche à découvrir comme le disait HCB pour les portraits : « Je cherche surtout un silence intérieur. Je cherche à traduire la personnalité et non une expression ». Loin de connaître tous les personnages éminents et inconnus qui se baladent et nous regardent nonchalamment dans cette exposition, on est frappé par l’intensité de la photographie prise, de ce moment qui saisi sur le vif, dans un éclair exprimant ce que sont au plus profond ces personnes.
 
J’ai sélectionné quelques unes de ces portraits si représentatifs pour moi de cet état que les personnes soient connus ou pas d’ailleurs… Il s’agit entre autres de Cordoue en 1933 ; le portrait de Sartre en 1946 ; celui de Jeanne Lanvin en 1945, Pierre Colle en 1932 ; Avenue du Maine en 1932 encore. Puis, il y a Ezra Pound en 1971, Samuel Beckett en 1970, Marcel Duchamp de 1968 qui était également présent dans l’expo Christer Strömholm à l’Hôtel de Sully. Je ne pouvais pas non plus rester insensible à Simone de Beauvoir dont je vous conseille d’ailleurs si vous n’avez pas encore eu l’occasion de le lire Mémoire d’une jeune fille rangée, extraordinaire. La photo de Truman capote de 1947 est elle aussi bien intéressante et j’irai voir d’ici peu le film qui devrait sortir le 8 mars prochain. Egalement, celle de breton en 1961 près de son bureau est très belle, ainsi que celle de Coco Chanel de 1964 si caractéristique, vous comprendrez pourquoi en la voyant et puis une de Cracovie en 1933 ainsi qu’une belle inconnue de Los Angeles.
 
L’art du portrait est bien difficile et arriver à saisir ce qui compose l’ossature même d’une personne, ces traits les plus profonds est un subtil équilibre à trouver entre vous et la personne qui est là. Le saisissement sur le vif avant qu’ils comprennent comme cela a été le cas avec Irène et Frédéric Joliot-Curie ; après qu’un long silence se soit établi entre eux ; qu’une complicité faite d’amitié, de quotidienneté, …. HCB est arrivé à sentir ces moments et à les capturer pour nous les faire parvenir, nous restituer une réalité physique transposée sur papier. Ils sont plus que des portraits car c’est un peu de l’âme vraie de ces personnes qui se retrouve inscrite dans les archives de la fondation et de la mémoire collective. Appropriez-vous ces images de vies vécues et faites les vôtres….  
 
Une petite phrase de Barthes inscrite sur les murs et que j’aime bien : « Devant l’objectif, je suis à la fois celui que je me crois, celui que je voudrais qu’on me croie, celui que le photographe me croit et celui dont il se sert pour exhiber son art » (tiré de la chambre clair)
 
Et puis, en quelque sorte, une belle synthèse pourrait être celle tirée de je ne sais plus où dans l’expo : « la visibilité de ces portraits se donne à voir, chaque fois, dans le regard qu’il leur a donné ».
 

Un bel article de Lunettes Rouges qui est un « amateur lent », comme il le précise, mais très intéressant…. avec quelques explications des situations dans lesquelles HCB s’est trouvé pour prendre ses photos, bel éclairage complémentaire sur des portraits parfois croisés.

 

Pour en savoir plus, rendez vous sur le site de la fondation cartier : www.henricartierbresson.org